Du lac Saroma au lac de Vassivière

Allez, je me lance: voici le premier billet de ce blog qui sent le four chaud, la pâte à tartiner et l’amande. Quitte à jouer à girly au pays des geeks. Je ne suis pourtant pas cuisinière pour deux sous. J’aime les bons produits, mais tout ce que je sais faire, c’est couper en bouts et jeter dans la poêle. Pourtant, tellement dépitée par les aliments pré-mâchés de la course à pied, entre jus infâmes, gels médicamenteux et autres gâteaux sportifs étouffes-chrétiens, je me lance dans la fabrication de mes propres barres et boissons.

C’est un livre écrit par Kecily et Kristof Berg qui m’a inspiré: « Secrets d’endurance », récemment présenté sur Wanarun, et que j’avais découvert par hasard dans une librairie, la veille des 10km de Paris Centre. Je ne vous le présente pas plus, je sais qu’il circule dans la runnosphère comme une poignée de dragibus (oui, je sais, c’est pas bon les dragibus 🙂 ) et que nombre d’entre vous l’ont sur leurs étagères. Les auteurs ont également leur propre blog, Metagama, qui respire les voyages, la cuisine… et la passion de la course à pied — ils ont d’ailleurs bouclé le marathon de Toulouse, le week-end dernier, avec un sacré brio.

Comme en ce moment je ne cours pas (bouuhouhou!), j’ai préféré taper dans la partie « biscuits de récupération ». On testera les « ultrabarres » quand le temps des sorties longues et des randos dans la neige sera de retour.

Bien, bien, bien. Ouvrez votre livre à la page 30, « Lac Saroma. Un biscuit moelleux à l’azuki, avoine, banane et amande, épicé à la cannelle ». Miam ! L’azuki, c’est un haricot japonais. Ça doit certainement être succulent, mais on est lundi 1er novembre, je n’ai pas préparé mon coup et le Naturalia du coin est fermé. Il va falloir jouer serré. Et se rendre au magasin où les prix sont francs (les parisiens reconnaîtront, pour les autres, imaginez une supérette améliorée). C’est là qu’on se rend compte à quel point les produits bios ont envahi les étalages des chalands les plus simplets. Je vais pouvoir y trouver du lait de soja (bio), de la poudre d’amande (bio), pas de flocons d’avoine mais un muesli (bio) qui fera l’affaire, des bananes bios, de la cannelle pas bio (flûte!).

Les haricots azuki, ce sera pour une autre fois. Je déniche à la place des haricots rouges, bien cuits ils seront assez fondants. Pour la peine, je rebaptise ces biscuits « Lac de Vassivière », en l’honneur de mon pays natal (et d’un ingrédient mystère…) Si le lac Saroma est mythique pour ses 100 bornes, le lac de Vassivière a l’honneur d’accueillir chaque année un semi-marathon des plus pentus. Dont acte.

On retrousse ses manches, c’est parti. D’abord, le trempage des haricots. Kecily et Kristof expliquent dans leur ouvrage que le trempage réveille les qualités nutritionnelles des légumes secs, et qu’il doit durer une nuit. Flûte, j’ai pas prévu. Sur le paquet, c’est marqué une heure trente, on va faire ça. Pendant ce temps, je fais du tricot (je rigole !!)

Je prépare les autres ingrédients. Comme je n’ai pas de purée d’amande (décidément, j’ai rien!), j’en fabrique une avec de la poudre (d’amande…) et du lait de soja. Si les contenants ont une influence sur les contenus, je ne vous raconte pas ce que ça va donner dans cette tasse…

La tasse-à-prouts

Je coupe les bananes (ça je sais faire), et comme je n’ai pas de mélasse ni de sirop d’agave, je décide d’ajouter l’ingrédient mystère, à savoir: tadaaaaa! La crème de marrons. Du Limousin. De Clarisse-la-chérie-du-Papa-de-ma-copine-Sarah. Eh oui.

En même temps, des bananes, on sait à quoi ça ressemble.
Confi'Fruits de Châtaignes. Par Clarisse, de Cognac-la-Forêt.

Après le trempage, la cuisson. Encore une heure trente. Pendant ce temps, je me prépare psychologiquement à l’étape suivante, l’utilisation du robot ménager offert il y a un an par la maman de Monsieur M. Il y a UN AN. Et là c’est first time. Je suis vraiment une grande cuisinière. Alors dans le robot, il y a des lames qui tranchent, des râpes qui coupent, un moteur, tout ça. Dans une vie antérieure j’étais boulangère et si la patronne n’avait pas été là pour appuyer sur le bouton rouge d’urgence, ma main passait dans le tranchoir à pain. Souvenirs, souvenirs. Je me raisonne: ça ressemble au babycook que j’ai offert à une collègue il y a quelques années, mais en plus grand.

Ça bouille !

Allez, c’est bien cuit, on égoutte, on prend 200 grammes… Gloups, ça fait combien, 200 grammes ? Parce que je n’ai pas de balance, non plus. Dans une autre vie antérieure, j’ai été épicière, et je n’avais pas mon pareil pour peser à la volée « une livre ». Quels que soient les fruits et les légumes, « une livre », j’étais trop forte. Je mettais les primeurs sur la balance, pof, une livre et quelque. Je me concentre, j’essaye de redevenir épicière à Treignac, et hop, 200 grammes dans le robot mixeur. J’ajoute la tambouille d’amande, les bananes, le muesli, le lait de soja, la cannelle, la crème de marrons. Et je mixe.

Premier coup de mixeur, c'est pas très ragoutant.
Deuxième coup de mixeur, c'est pas mieux!

Je couvre une plaque de papier sulfurisé, et je dépose des paquets de cette pâte, un peu comme si c’était des cookies. Dans le livre, ce sont de belles barres bien régulières, mais je n’ai pas de « nonnette rectangulaire ». J’enfourne, je fais cuire à 160°: d’abord 10 minutes d’un côté, puis je retourne la plaque et encore 20 minutes.

Avant
Pendant
Après
Genre "je suis sur M6"

Et comme si ça ne suffisait pas, j’ai essayé de faire des barres sans moules à barre pour réaliser des gâteaux moins gros.

Mmmh! On dirait du chocolat!

Verdict: c’est super bon et fondant. Je m’imagine déjà sur un sentier de montagne, en train de boulotter mes petits gâteaux. Ça manque juste un peu de sucre, mais j’aurais dû lire la dernière phrase de la recette: « Ce biscuit est volontairement peu sucré: n’hésitez pas à l’adapter à votre goût. » Donc pour la prochaine fois: triple ration de crème de marrons !

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On va faire comme dans les vrais blogs de cuisine, je vous mets la recette à la fin.

Lac de Vassivière
(librement inspiré de Kecily et Kristof Berg)
(version triple ration de crème de marrons)

– 200 grammes de haricots rouges cuits
-100 grammes de muesli
– 2 bananes
-2 cuillères à soupe de gloubi-boulga d’amande
-3 cuillères à soupe de lait de soja
-3 cuillères à soupe de crème de marrons
-2 cuillère à café de poudre de cannelle

Préchauffer le four à 200°
Mixer les ingrédients
Laisser reposer un peu (ils sont fatigués, les ingrédients!)
Couvrir une plaque de papier sulfurisé, faites des tas comme vous pouvez
Enfourner et faire cuire 10 min, puis retourner la plaque (avant/arrière) et poursuivre la cuisson 15 à 20 min, à 160°

Allez courir, et dégustez !

39 réflexions au sujet de « Du lac Saroma au lac de Vassivière »

  1. Jusqu’à aujourd’hui lac de Vassivière rimait surtout avec chronos mythiques du tour de France. Désormais ça rimera aussi avec biscuits de Clara 😉

  2. Déjà entendu parlé de ce livre de recettes par l’amiricoré.
    Bravo, de visu, ça fait envie…( à part la photo dans le mixeur..).
    Une recette faite avec les moyens du bord…t’as pas eu peur que ça foire?
    Merci pour la recette…on en attends d’autres!!!

    J’adore la photo dans l’assiette, avec la petite touche
    « verte »…c’est bien dans la mouvance du « bio » 😉
    Quant à M6, tu peut tenter ta chance!!!
    Mais avant il faudra quand même que tu investisses dans une balance..

    1. En fait jusqu’à ce que je goûte, je croyais vraiment avoir fait n’importe quoi… mais c’est bon ! La petite touche verte, ce sont des graines germées de tournesol, ça pour être bio, c’est bio ^^

  3. Bon la tout de suite 8h de mat ca fait super envie,
    mais en effet au passage d’un col, avec un petit vent frais dans les cheveux,
    une vue dégagée ca peut le faire grave.

    Merci pour le tuyaux, il faut que j’achète d’urgence ce bouquin.

    « girly au pays des geeks » : excellent 🙂

    1. Elle vient de Londres, c’est l’un de mes oncles qui me l’a offert quand j’étais petite. En prenant cette photo, je me suis rendue compte qu’il y avait le mot « Running » !

  4. C’est où qu’on mange ? :p

    Ca donne bien envie…. tu vois que tu fais bien de te lâcher dans des articles culinaires, tu viens de me donner faim… et va falloir que je me jete sur une kit-kat barre ! tu n’as pas honte ?

  5. Didonc t’as pas lésiné sur les quantités en tous cas !!! :-O

    Bon, enfin, je me suis bien marrée en te lisant, j’aime bien le « feed-back » sur tes expériences professionnelles aussi… 😉

    Je t’apporte tout mon soutien de « Girly » pour ce « culinaropost » et.. les suivants !!!

    Biz !!

    Aurélie « miamiamsiClarasemetàcuisineronvas’enmettrepleinlebideetjesaispassic’estunebonnechose!!!!! » 😀

  6. “Ce biscuit est volontairement peu sucré: n’hésitez pas à l’adapter à votre goût.”
    Donc pour la prochaine fois: triple ration de crème de marrons !

    LOL! Peu sucré mais alors question lipide ça cartonne 🙂
    Autant j’aime cuisiner et je le fais souvent pour ma petite famille que je (ne sais pas pourquoi) me vois pas le faire pour les gatosport etc… que j’achète tout fait.
    Il faut que je vois ce livre, cela me fera peut-être changer d’avis.

    Bravo pour ton « expérience » culinaire!

  7. M’est d’avis qu’avec tes talents en communication, ce biscuit sera commercialisé d’ici peu et que tu vas nous monter ta petite PME de production de barre énerétique faites maison 😉 Sympa l’idée de faire ses barres…

  8. La recette est intéressante , néanmoins elle comporte deux inconvénients:
    1 le problème est la cuisson
    2. Une faiblesse en Acides aminés Essentiels

    LA CUISSON :
    Une chaleur supérieure à 160°C va altérer certaines molécules. les oméga 3 par exemple seront « partis en fumée »

    LA FAIBLESSE en acides aminés
    Il manque dans la recette une présence élevée en acides aminés qui sont un élément clé pour la récupération du potentiel musculaire après un effort qui l’aura détérioré
    La présence élevée d’acides aminés dans le sang pendant l’effort induira ce que l’on appelle « l’effet anabolique des protéines » qui est une réaction de l’organisme pour rétablir l’équilibre en envoyant les acides aminés excédentaires construire de la fibre musculaire : fibres musculaires qui se détériorent à l’effort. Ne pas oublier qu’à l’effort si l’organisme manque de protéines (par manque d’apport alimentaire notamment), le taux d’acides aminés va baisser .

    La conséquence ?

    la mise en route du processus du catabolisme s’enclenche. L’organisme pour continuer à fonctionner à peu près normalement va alors rechercher les acides aminés là ils sont encore disponibles c’est à dire dans les muscles ce qui aura pour conséquence la célébrissime « fonte musculaire » ….

    Je vous propose donc une barre énergétique aux amandes et graines de sésame , élaborées sans cuisson qui elle comprend l’ensemble des acides aminés essentiels .
    recette ici :
    http://diet-sport-coach.e-monsite.com/rubrique,avant-pendant-apres-l-effort,703100.html

    avec avis de nombreux utilisateurs

    1. Merci pour ces précisions sur les acides aminés et pour le lien vers ton site (Nicolas de Let’s Run avait également laissé un lien), je testerai volontiers une de tes recettes.
      Par contre ces biscuits ne sont pas cuits au-delà de 160°, seul le préchauffage est à 200°.
      A bientôt par ici !

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