
J’écris ce billet dans l’agitation de l’après-course, sans prendre le temps de mettre à distance l’ambiance survoltée dans laquelle nous avons baigné toute la matinée. Je sais d’ores et déjà que cette première « grande » course (22600 participantes, plusieurs milliers de bénévoles et de supporters) restera comme l’une des pierres les plus précieuses de ma passion pour la course à pied.
Avant toute chose je voudrais remercier tous les commentateurs du billet précédent pour leurs encouragements et leurs conseils avisés: vous avez fait vous aussi partie de mon aventure! Pas de glissade dans mes chaussures de route, la technique Sioux du « je-me-faufile-au-milieu-des-autres » pour se réchauffer a fonctionné à merveille… J’avais même deux casquettes puisque notre entreprise nous en avait réservé une de super qualité (non, je n’ai pas mis les casquettes l’une sur l’autre, j’ai opté pour la « corporate »!)
Malgré une nuit de 4 heures, départ vers ma station de métro avec seulement quelques minutes de retard sur l’horaire prévu. Sur le quai de la ligne 6, Monsieur M. ne s’est jamais senti aussi seul: des dizaines de filles en baskets, certaines avec le sac ou le t-shirt de La Parisienne, d’autres arborant déjà leur dossard (on n’est jamais trop prévoyante !) Nous rejoignons mes collègues au village « entreprises », on est 200 de la boîte mais nous sommes 4 très proches, et on tombe d’accord pour zapper l’échauffement prévu au podium: je n’ai jamais pu supporter l’hystérie des coachs à micro intégré, et puis il est indiqué 30 minutes de marche jusqu’à la ligne de départ. Nous voilà en chemin, trottinantes, dansantes, on tombe sur un petit groupe qui s’échauffe au son d’une batucada, l’ambiance nous plaît davantage qu’au podium et c’est parti pour un petit tour d’aérobic brésilien.
On passe ensuite sous la Tour Eiffel pour rejoindre la ligne de départ, on réussi à se faufiler dans la troisième vague (au passage, chapeau bas aux bénévoles dont la mission était de retenir les coureuses en formant une chaîne humaine… ça ne devait pas être la place la plus reposante !) Plus que 10 minutes avant le départ de notre vague, et là on se paye une scène surréaliste avec le coach sur le camion qui demande sa copine en mariage… Je passe du « Oh my god, c’est trop ringard » au « Comme c’est choupi » en quelques secondes, il a l’air vraiment ému, elle dit « oui », il a du mal à reprendre le fil de son échauffement, c’est touchant ! Top départ -8 minutes, là je ne sais plus trop où me mettre au milieu de cette foule dense qui fait des pas de côté, des mouvements de bras, des petits sauts de cabri. Je trouve finalement un équilibre en me retournant vers mes collègues, on forme un petit rond protecteur et on s’amuse bien, pour finir.
Le compte à rebours marque 0:00, c’est parti, pas trop vite (enfin, on essaye !), pas de bousculade non plus, une première petite côte pour se faire la voix. Je m’attendais à des balises tous les kilomètres, mais au bout de 9 minutes je me dit qu’avec le bon rythme qu’on tient, le premier doit être passé depuis quelques temps. Il va falloir attendre le point de ravitaillement du troisième kilomètre pour savoir où on en est. Les groupes de musique nous accompagnent tout le long du chemin: orchestres de cuivres, de percussions, bandas du sud-ouest (j’ai même chanté un air que je reconnaissais, ça file trop la pêche!)… Dès que mon souffle le permettait je les remerciais au passage, car ces gens-là, comme tous les bénévoles et volontaires, se sont levés à l’aube pour nous offrir leur talent.
Malgré la prudence on a dû partir un peu vite, car certaines de notre petite troupe se sont mises à souffrir avant la moitié du parcours : respiration difficile, points de côtés… Je me suis dit que ça devait être dur: tu ne peux pas te dire que tu as fait le plus gros et tu dois continuer de tout donner. On ralentit, on s’attend, on remet du rythme: malgré le nombre de participantes je sens la proximité de mes collègues par des regards, des éclats de voix, des encouragements, et ça, c’est vraiment magique. En plus, à chaque fois qu’une personne de notre entreprise nous dépasse, et même si nous ne la connaissons pas, il y a toujours un « Allez les filles ! » qui nous emporte quelques mètres plus loin. Les supporters, sur le bas-côté, nous applaudissent. Mais on sent dans leur regard qu’ils cherchent la mère, l’amie, l’épouse qu’ils n’ont pas encore aperçu.
J’avais reçu avant le départ un SMS de mon podologue: il devait être au 3è et 5è kilomètre. Je ne l’ai pas vu mais s’il lit ces lignes, son texto m’a fait vraiment super plaisir. « Le Staff », comme dit Monsieur M. en parlant de mon ostéopathe, de ma médecin du sport et de mon podologue. Mais le staff le plus proche, ce sont eux, ma soeur et mon chéri, et justement j’aperçois Monsieur M. posté avant l’arche du 5è kilomètre, avec le même regard des supporters-qui-cherchent-parmi-la-foule. Coucou ! Je suis là !! Je prends le temps d’aller l’embrasser, ma soeur est là également, c’est l’un des plus beaux instants de ma course !
A ce moment-là je sens que je suis depuis quelques minutes en-dessous de ce que je pourrais courir, mais je préfère donner ailleurs: attendre un peu mes courageuses collègues qui luttent contre la souffrance, participer à la joie d’une autre qui se sent au mieux de sa forme. Soudain l’une d’elle me fait un peu peur: alors que nous sommes presque arrivées au bout, que nous avons toutes chaud, elle me dit « J’ai froid… » Ouh, la, la, je flippe un peu, mais elle a l’air de tenir le choc. Nous venons de croiser une participante à terre en position latérale de sécurité, prise en charge par les secours, on redouble de vigilance.
La dernière ligne droite : un sourire aux photographes (mise à jour des photos ici-même demain, si j’en trouve de plus officielles à ajouter!), des éclats de rire, une petite danse, et puis on se tient toutes les 4 la main pour franchir la ligne d’arrivée et là je fonds de bonheur !
Finalement, ce fut « l’après » qui s’est montré revêche: on s’étire comme on peut dans le sable (c’est pas là-dedans que je ferai une salutation au soleil ^^), on se disperse pour aller chercher nos sacs à la consigne, et puis c’est long, c’est long, une participante fait un malaise en plein streching-podium, une autre dans l’attente de son sac.
On se retrouve finalement toutes les quatre, on se congratule, nos proches nous embrassent, on fait quelques photos souvenir.
Et c’est enfin l’heure de la bière, de la bonne mousse des familles dégustée entre amis dans un café de La Motte Piquet…
Tiens, j’ai oublié de parler du temps : 39 minutes et 58 secondes, nous arrivons en place 6735 & 6736. Si pour certaines coureuses aguerries cela peut apparaître comme « un temps parfaitement calamiteux », pour moi c’est une victoire car c’est un temps obtenu dans la lutte collective. En comparaison, nous mettions 52 minutes en jogging d’entraînement pour parcourir la même distance !
PS: Pourquoi tu cours ? Parce que ça met la pêche et que c’est contagieux !
PS2: Lundi soir, j’enclenche un cran supplémentaire, premier entrainement de la rentrée au sein du Vanves Run Club (VRC 92)…
Wiiiiii!

Le gang des championnes avant le départ !

+ P’tite mise à jour avec la photo officielle juste avant la ligne d’arrivée… J’ai pas l’air malheureuse !