Aux alentours du 14 juillet, tous les ans ou presque, on a une tradition dans la famille. Perpétuée par nos parents, c’est désormais ma sœur et moi qui accomplissons le rituel: nous allons aux rencontres internationales des luthiers et maîtres sonneurs, plus connues sous le nom officieux de « festival de Saint-Chartier ». Auparavant situé dans le village de Saint-Chartier en Berry, ce festival, comme celui d’Avignon, avait son « in », dans le parc d’un château, et son « off » dans les rues et bars dudit village. Mais les cracheurs de feu et soulards du petit jour ont eu raison de la patience des habitants, qui ont exigé le déplacement des manants. C’est à présent un festival plus encadré, toujours dans le parc et la forêt d’un château (en Berry, ça ne manque pas !), sans « off ». Mais il a su conserver l’ambiance des années de sa création, ces années 1970 qui ont vu ressurgir le folk et la musique traditionnelle en Europe.
Il réunit des passionnés du monde entier, des luthiers, des musiciens, des danseurs. Et l’esprit de George Sand, auteur du roman « Les maîtres sonneurs », plane toujours sur la maison de Nohant, à quelques enjambées de là. A Saint-Chartier (« château d’Ars », je ne m’y fais pas, pour moi ça restera toujours « Saint Chartier »!), on écoute de la musique venue d’ailleurs, on boit, on rigole avec les amis, on mange de la super cuisine bio et des crêpes sorties d’une roulotte, on danse et on chante — on chante beaucoup. Certes, il ne faut pas être allergique à la cornemuse et à la vieille à roue, instruments phares de ces rencontres, car on en croise à tous les coins de sentiers, le matin en sortant de la tente, le jour durant, le soir en rentrant au bercail. J’y ai beaucoup dansé, à Saint Chartier, mais je n’y avais encore jamais couru. C’est désormais chose faite avec Nicolas.