Je suis cette femme tête au vent qui court à travers champs la ville la forêt au milieu du monde.
Je suis cette main qui s’éloigne ce pied qui rase le sol ce cœur qui bat le fer quand il est chaud.
Je suis cet ongle coloré de rouge cette ampoule sous le petit orteil ce genou recouvré ce souffle retrouvé jusqu’à la fin des jours.
Je suis la mère de cette petite fille qui trottine si loin de tout ce que j’ai pu imaginer si proche de mon centre de gravité.
Je suis ce ventre ce sein l’autre et encore le premier en hyperalternance ce corps tout entier transformé.
Je suis cet avenir incertain cette chance de trouver chaque jour une nouvelle perle enfilée au petit livre des souvenirs.
Je suis cette peur sourde qui ne me quitte plus cette colère qui m’a aidée à vivre mais que je déleste pas après pas.
Je suis cette blague ce bonnet de mère Noël cette orange croquée au ravito d’arrivée cette goutte de sang sur la chaussée.
Six mois pieds nus, de juin à décembre. Six mois pour réapprendre à courir, pour trouver d’autres chemins et quitter la ligne droite toute tracée.
Inventer à nouveau demain, devenir un peu meilleure chaque jour, et puis non, chuter, se relever, recommencer.
C’est une fois accompli que l’objectif se révèle.
