Catégorie : Collègues

Ecotrail de Paris 2011: du binôme au trinôme

Tandis que mes camarades de la Runnosphère se réunissent à la désormais traditionnelle « Veillée du Bois » de Team Outdoor, je file vers le Nord pour un déplacement professionnel. J’ai embarqué dans ma valise mes chaussures de course et un peu de temps pour écrire. Je vais pouvoir revenir sur la course du week-end dernier, l’Ecotrail de Paris, dévorée dans sa version 18 kilomètres en binôme.

Je m’étais inscrite avec Julie, mon ancienne collègue d’Orange, mais une chute malencontreuse dans les Pyrénées a eu raison de sa cheville. Elle peut tout juste remarcher sans peine, je lui souhaite une bonne fin de rétablissement et lui donne rendez-vous sur d’autres sommets — le Mont Blanc, Cilaos ?

C’est Noostromo qui a pris sa place et après quelques tractations brumeuses avec l’organisation — OK, vous pouvez la remplacer / Attention, dernier rappel, nous n’avez pas de binôme / Holala, c’est compliqué le retrait des dossards, hop, prenez-moi tout ça — nous voilà enfin arborant le numéro 7544.

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Ce que courir veut dire

Il est des jours sans limite où les heures ordinaires ne suffisent pas à pouvoir saisir tout ce que la vie contient. Trop de nouveautés, d’agitation, trop d’au-revoir et de rencontres à venir. C’est dans ces moments-là que l’insomnie me guette, elle sait que je l’appelle au secours tout en la redoutant. Lorsque je peux partir courir, le temps reprend sa forme et j’évacue pas après pas tout ce qui me submerge. Mes pensées les plus chaotiques se dessinent clairement, le brouillon se met en page dans cet effort du corps et ce contact unique à l’environnement qui m’entoure. Or depuis plus de deux semaines,  je ne cours pas, enfermée par la douleur d’une banale blessure. Heureusement, elle s’estompe enfin : dès la semaine prochaine je rechausserai mes pompes de running pour une reprise progressive, et mon sommeil dépassera à nouveau les cinq heures quotidiennes.

Cette semaine j’ai à la fois quitté mes anciens collègues d’Orange Labs et commencé mon nouveau métier de rédactrice. Je n’imaginais pas que ce serait aussi émotionnellement intense. Je m’étais préparée à ce changement de vie, je croyais que la transition serait routinière. Il n’en a pas été ainsi : j’ai de la peine à dire au-revoir, malgré la joie de ce nouveau travail et la pleine conscience de suivre ma propre voie.

J’ai emprunté le titre de ce billet à l’ouvrage du sociologue Pierre Bourdieu, Ce que parler veut dire, en hommage au laboratoire de recherche qui m’a accueilli pendant un an, juste après la soutenance de ma thèse. J’y ai rencontré des personnes extraordinaires, pleines de vitalité (et de théories bizarres 😉 ),  j’ai découvert pour la première fois ce qu’était « la vie de bureau » et cette drôle de communauté constituée par des collègues que tu côtoies chaque jour. Et surtout — pour ce qui nous intéresse ici — j’ai pu développer et amplifier ma passion naissante de la course à pied, au cours de nombreuses discussions (hein, avouez, je vous ai grave saoulé à la cantine, au café, jusque dans vos bureaux ! ^^), de supers joggings au parc Suzanne Lenglen et avec la participation « corporate » à La Parisienne.

Mais l’histoire n’est pas finie puisqu’en mars prochain, je participerai avec mon ancienne collègue et néanmoins amie Julie 😉 à la version « Twin santé » de l’Ecotrail de Paris. J’ai hâte de vivre cette nouvelle aventure !

Et l’histoire continue ailleurs, avec cette communauté de la « Runnosphère » que j’ai découvert en lectrice, puis en blogueuse, et désormais « In Real Life » (Bizarre comme expression, non ? Comme si écrire, lire, commenter et raconter des bêtises sur Twitter ne faisait pas partie de la « vraie vie » !) avec les rendez-vous binouze post-compétition et les Pasta Party. Hier nous nous sommes ainsi retrouvés à huit compères (dont deux commères, grande première!), après le retrait des dossards pour la Corrida d’Issy-les-Moulineaux. C’est assez étrange de retrouver physiquement des personnes avec qui l’on a parfois échangé des pages et des pages (tous nos commentaires mis bout à bout, ça doit bien faire à peu près ça ^^) durant des mois. Je me rends compte que je suis quand même d’un premier abord beaucoup plus timide en face à face. Peu à peu au fil des rencontres, les têtes se font familières, et l’on retrouve avec plaisir ces conversations d’initiés sur le meilleur moyen de ne pas se perdre dans un trail, sur le dernier gel énergétique ou les courses à venir (je note pour ma part le trail des Traces du Loup en juin, si bien défendu par David et Christophe !) Nous n’en sommes qu’aux balbutiements, mais j’ai la forte impression que de véritables amitiés sont en train de naître ici, et ça, c’est beau !

Pour finir, je reviens en forme de clin d’oeil à mon ancien bureau d’Orange Labs, avec ce mur des « Pourquoi tu cours ? » en Post-it. Fabriqué et partagé avec Julie, ma binôme d’Ecotrail et colloc’ du B419-420, il est un pendant graphique à cette petite question lancinante, à la manière du mur des 10 kilomètres de Paris Centre.

Gourmandise d'hiver

 

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Jogging entre collègues

En ces temps de repos pour Soleus, Achille et Plantaris, j’ai envie de me remémorer les jogging du jeudi, ces bons moments passés avec mes collègues dans les chemins du Parc Suzanne Lenglen. (Je précise que Soleus, Achille et Plantaris ne sont pas mes collègues, ni des dieux de la mythologie grecque, mais des muscles et tendons qui me font souffrir en ce moment… C’est fou comme plus je me blesse, plus j’apprends à connaître ce qu’il y a sous ma peau !)

Au départ c’était le mardi soir: je lançais une proposition à la cantonade la veille, au moment du café ou par message collectif sur Gtalk. (On utilise beaucoup Gtalk au boulot, étant donné que nos bureaux sont séparés et répartis sur deux grands couloirs. C’est pratique pour se demander « Il y a du café ce matin ou je pars en faire ? » ou bien « Cantine ? », mais ça peut être détourné en outil de surveillance, puisqu’on peut voir à quel moment les gens sont connectés ou pas — certains s’accommodent du dispositif en laissant leur ordinateur en veille, ce qui est bon pour la liberté, mais mauvais pour la planète ! ) On se retrouvait à deux ou trois, vers 19 heures, pour trois-quart d’heure de course à petites foulées, avec ce satané Runkeeper qui fonctionnait une fois sur dix. On préparait La Parisienne, on appréhendait les 6 kilomètres et on se serrait les coudes.

Puis une collègue jeune maman nous a rejoint, et le rendez-vous en soirée ne lui convenant guère: va pour le jeudi midi, on gèrera le déjeuner en se préparant des sandwichs! Le parc Suzanne Lenglen est commode car proche de notre lieu de travail, avec des vestiaires et des douches (important quand on a encore une demie-journée devant soi!) et un bon tour d’environ 1,5 kilomètres, avec des bosses, des passages sur chemins et sur route, des joueurs de foot américain (pardon je m’égare… 😉 )

Le rythme est plutôt tranquille, entre 8 et 9 kilomètres/heure, sauf quand un collègue masculin se joint à nous (du bureau 417, pour ne désigner personne… ) et là ça déménage à plus de 10km/h, ce qui pour moi est… trop rapide (surtout si les compères Soleus, Achille et Plantaris s’en mêlent).

J’adore ces moments de détente et d’efforts, où l’on discute de tout et de rien, en se sentant vivre en dehors de notre routine ordi-café-cantine, en plein air. On se défoule, on crie dans les descentes (heu… je crie dans les descentes 😉 ), on rigole, on mate les mecs. Je termine mon contrat au début du mois de décembre, et j’espère pouvoir de temps à autre continuer à courir avec mes collègues, à Lenglen. D’ailleurs, ceci est un appel aux collègues doctorants, post-doctorants, stagiaires et apprentis qui ont déjà quitté le labo et qui pourraient se joindre à nous: vous êtes les bienvenus !

Jeudi dernier, comme le jeudi d’avant, j’ai souffert du mollet. J’ai préféré réduire la charge à 30 minutes, et depuis je suis au repos. J’ai consulté mon osthéopathe, et je sens que peu à peu ça se remet. J’ai aussi acheté de nouvelles chaussures de ville, car depuis le mois d’août je portais des godasses trop petites, qui compressaient jour après jour mon pied gauche (j’ai le pied gauche légèrement plus grand que le pied droit, c’est pratique !)
Jeudi dernier, j’ai également croisé Djailla, qui faisait lui aussi un jogging avec un collègue, vêtu de bleu dans son t-shirt du Paris-Versailles.

Pour garder le moral, je me suis inscrite sur une prochaine course, au mois de novembre: j’hésitais entre le Trail Extrême Lillois (enfin, extrême, je m’entends: j’aurais choisi la version 8 ou 15 km !), qui va sans doute être couru par plusieurs blogueurs, et les 10 kilomètres des Dockers du Havre, ville qui me fascine avec son architecture d’après-guerre classée au Patrimoine mondial de l’Unesco, avec son port, son front de mer en galets, son skate-park sur la plage, ses grands parcs, ses docks, les falaises non loin… Je serai donc au Havre ce prochain 21 novembre, à 9 heures 30 au foyer des dockers.
(Ceci dit, j’adore Lille également, et j’espère courir là-bas un jour, dans mon « tour de France du running ».)

Affiche 10K-Dockers 2010

PS: Pourquoi tu cours ? Pour sortir de la vie de bureau!

La Parisienne 2010

J’écris ce billet dans l’agitation de l’après-course, sans prendre le temps de mettre à distance l’ambiance survoltée dans laquelle nous avons baigné toute la matinée. Je sais d’ores et déjà que cette première « grande » course (22600 participantes, plusieurs milliers de bénévoles et de supporters) restera comme l’une des pierres les plus précieuses de ma passion pour la course à pied.

Avant toute chose je voudrais remercier tous les commentateurs du billet précédent pour leurs encouragements et leurs conseils avisés: vous avez fait vous aussi partie de mon aventure! Pas de glissade dans mes chaussures de route, la technique Sioux du « je-me-faufile-au-milieu-des-autres » pour se réchauffer a fonctionné à merveille… J’avais même deux casquettes puisque notre entreprise nous en avait réservé une de super qualité (non, je n’ai pas mis les casquettes l’une sur l’autre, j’ai opté pour la « corporate »!)

Malgré une nuit de 4 heures, départ vers ma station de métro avec seulement quelques minutes de retard sur l’horaire prévu. Sur le quai de la ligne 6, Monsieur M. ne s’est jamais senti aussi seul: des dizaines de filles en baskets, certaines avec le sac ou le t-shirt de La Parisienne, d’autres arborant déjà leur dossard (on n’est jamais trop prévoyante !) Nous rejoignons mes collègues au village « entreprises », on est 200 de la boîte mais nous sommes 4 très proches, et on tombe d’accord pour zapper l’échauffement prévu au podium: je n’ai jamais pu supporter l’hystérie des coachs à micro intégré, et puis il est indiqué 30 minutes de marche jusqu’à la ligne de départ. Nous voilà en chemin, trottinantes, dansantes, on tombe sur un petit groupe qui s’échauffe au son d’une batucada, l’ambiance nous plaît davantage qu’au podium et c’est parti pour un petit tour d’aérobic brésilien.

On passe ensuite sous la Tour Eiffel pour rejoindre la ligne de départ, on réussi à se faufiler dans la troisième vague (au passage, chapeau bas aux bénévoles dont la mission était de retenir les coureuses en formant une chaîne humaine… ça ne devait pas être la place la plus reposante !) Plus que 10 minutes avant le départ de notre vague, et là on se paye une scène surréaliste avec le coach sur le camion qui demande sa copine en mariage… Je passe du « Oh my god, c’est trop ringard » au « Comme c’est choupi » en quelques secondes, il a l’air vraiment ému, elle dit « oui », il a du mal à reprendre le fil de son échauffement, c’est touchant ! Top départ -8 minutes, là je ne sais plus trop où me mettre au milieu de cette foule dense qui fait des pas de côté, des mouvements de bras, des petits sauts de cabri. Je trouve finalement un équilibre en me retournant vers mes collègues, on forme un petit rond protecteur et on s’amuse bien, pour finir.

Le compte à rebours marque 0:00, c’est parti, pas trop vite (enfin, on essaye !), pas de bousculade non plus, une première petite côte pour se faire la voix. Je m’attendais à des balises tous les kilomètres, mais au bout de 9 minutes je me dit qu’avec le bon rythme qu’on tient, le premier doit être passé depuis quelques temps. Il va falloir attendre le point de ravitaillement du troisième kilomètre pour savoir où on en est. Les groupes de musique nous accompagnent tout le long du chemin: orchestres de cuivres, de percussions, bandas du sud-ouest (j’ai même chanté un air que je reconnaissais, ça file trop la pêche!)… Dès que mon souffle le permettait je les remerciais au passage, car ces gens-là, comme tous les bénévoles et volontaires, se sont levés à l’aube pour nous offrir leur talent.

Malgré la prudence on a dû partir un peu vite, car certaines de notre petite troupe se sont mises à souffrir avant la moitié du parcours : respiration difficile, points de côtés… Je me suis dit que ça devait être dur: tu ne peux pas te dire que tu as fait le plus gros et tu dois continuer de tout donner. On ralentit, on s’attend, on remet du rythme: malgré le nombre de participantes je sens la proximité de mes collègues par des regards, des éclats de voix, des encouragements, et ça, c’est vraiment magique. En plus, à chaque fois qu’une personne de notre entreprise nous dépasse, et même si nous ne la connaissons pas, il y a toujours un « Allez les filles ! » qui nous emporte quelques mètres plus loin. Les supporters, sur le bas-côté, nous applaudissent. Mais on sent dans leur regard qu’ils cherchent la mère, l’amie, l’épouse qu’ils n’ont pas encore aperçu.

J’avais reçu avant le départ un SMS de mon podologue: il devait être au 3è et 5è kilomètre. Je ne l’ai pas vu mais s’il lit ces lignes, son texto m’a fait vraiment super plaisir. « Le Staff », comme dit Monsieur M. en parlant de mon ostéopathe, de ma médecin du sport et de mon podologue. Mais le staff le plus proche, ce sont eux, ma soeur et mon chéri, et justement j’aperçois Monsieur M. posté avant l’arche du 5è kilomètre, avec le même regard des supporters-qui-cherchent-parmi-la-foule. Coucou ! Je suis là !! Je prends le temps d’aller l’embrasser, ma soeur est là également, c’est l’un des plus beaux instants de ma course !

A ce moment-là je sens que je suis depuis quelques minutes en-dessous de ce que je pourrais courir, mais je préfère donner ailleurs: attendre un peu mes courageuses collègues qui luttent contre la souffrance, participer à la joie d’une autre qui se sent au mieux de sa forme. Soudain l’une d’elle me fait un peu peur: alors que nous sommes presque arrivées au bout, que nous avons toutes chaud, elle me dit « J’ai froid… » Ouh, la, la, je flippe un peu, mais elle a l’air de tenir le choc. Nous venons de croiser une participante à terre en position latérale de sécurité, prise en charge par les secours, on redouble de vigilance.

La dernière ligne droite : un sourire aux photographes (mise à jour des photos ici-même demain, si j’en trouve de plus officielles à ajouter!), des éclats de rire, une petite danse, et puis on se tient toutes les 4 la main pour franchir la ligne d’arrivée et là je fonds de bonheur !

Finalement, ce fut « l’après » qui s’est montré revêche: on s’étire comme on peut dans le sable (c’est pas là-dedans que je ferai une salutation au soleil ^^), on se disperse pour aller chercher nos sacs à la consigne, et puis c’est long, c’est long, une participante fait un malaise en plein streching-podium, une autre dans l’attente de son sac.
On se retrouve finalement toutes les quatre, on se congratule, nos proches nous embrassent, on fait quelques photos souvenir.

Et c’est enfin l’heure de la bière, de la bonne mousse des familles dégustée entre amis dans un café de La Motte Piquet…

Tiens, j’ai oublié de parler du temps : 39 minutes et 58 secondes, nous arrivons en place 6735 & 6736. Si pour certaines coureuses aguerries cela peut apparaître comme « un temps parfaitement calamiteux », pour moi c’est une victoire car c’est un temps obtenu dans la lutte collective. En comparaison, nous mettions 52 minutes en jogging d’entraînement pour parcourir la même distance !

PS: Pourquoi tu cours ? Parce que ça met la pêche et que c’est contagieux !

PS2: Lundi soir, j’enclenche un cran supplémentaire, premier entrainement de la rentrée au sein du Vanves Run Club (VRC 92)…
Wiiiiii!


Le gang des championnes avant le départ !


+ P’tite mise à jour avec la photo officielle juste avant la ligne d’arrivée… J’ai pas l’air malheureuse !