Cette course au Havre était prévue de longue date, on m’avait même attribué un numéro de dossard tout à fait étonnant: 14 (le Calvados, la rive d’en face.)
Monsieur M. et moi adorons cette ville, et la course des dockers était un bon prétexte pour y retourner une nouvelle fois. Revoir ce front de mer et ses couleurs étranges, l’architecture majestueuse qui donne ses lettres de noblesse au béton, ces docks survivant à tous les assauts des marchés financiers et du temps.
Arrivés la veille, j’avais beau sentir un peu mon mollet droit tiraillant (le gauche est déjà guéri depuis quelques temps, mais le droit s’est réveillé par compensation), j’étais confiante. J’annonçais la couleur à qui voulait l’entendre: « Demain je fais la course des 10 kilomètres des dockers! » Tous y ont eu droit: le réceptionniste de l’hôtel, le marchand d’articles de sport, le restaurateur thaïlandais, les coiffeuses. Je me suis retenue de le dire à la pharmacienne, mais c’était moins une. Je fanfaronnais sur le blog de Fabrice, de RunOnline: « T’inquiète pas pour moi, j’ai un bracelet powertonic autour du poignet (Mouahaha!) » J’avais beau faire la brave, les mots de Fabrice résonnaient gravement dans ma tête: « Clara, si tu ne prends pas le temps de te préparer, tu vas encore de blesser, et te blesser…..pas sérieux ça. » Et je savais qu’il parlait en connaissance de cause, ayant eu à souffrir du même type de blessure.
Le lendemain matin au réveil, je sentais encore un peu mon mollet droit. Pas une douleur, une simple gêne. J’étais prête à y aller quand même, je m’étais tellement passé et repassé le film de la course dans ma tête… C’était sans compter sur le pouvoir de l’esprit (ou l’effet du stress, ou l’ange gardien des coureurs, appelez ça comme vous voudrez 😉 ) qui m’a tout bonnement lancé une dernière sommation du côté des intestins. Je n’ai rien pu faire d’autre que de courir… aux toilettes, ce qui a finalement sauvé mon mollet, qui a pu retourner se coucher. Fulgurant, mais bref, juste suffisant pour que je ne prenne pas le départ, car dès le déjeuner j’enchaînais sans sourciller sur une choucroute (c’est pas très raccord avec la région, mais il y a au Havre une brasserie délicieuse, qui s’appelle Paillette et qui fait des choucroutes sensass’).
Monsieur M. et moi avons donc profité de notre week-end, un p’tit tour sur la plage, une visite au musée Malraux (qui comporte d’extraordinaires collections impressionnistes, j’ai passé deux heures à m’approcher des tableaux « Oh! Des petits traits! » et à m’en éloigner « Oh! Un paysage! ») Nous avons quitté la ville en faisant la promesse de revenir à nouveau (le guide « Cartoville » présente des endroits que nous ne connaissons pas encore…) Et puis il y a les « 10 bornes du Havre » en mai, les « 10 km de Sainte Adresse » en juin, bref, largement de quoi remettre en jeu mon objectif des 55 minutes normandes !
Pour l’heure, c’est encore la reprise. Hier, le ciel était si beau que je suis partie prématurément du bureau pour un petit jogging dans mon parc favori. En 40 minutes, j’ai vu le jour fondre en crépuscule pour finir dans la nuit, seulement éclairée par la lueur des appartements voisins. J’étais bien vêtue: première couche manches longues Craft, deuxième couche Kalenji collection hiver, troisième couche coupe-vent Asics. Plus l’écharpe et le bonnet en polaire. Un collant d’hiver Craft, offert par Monsieur M. au Havre. J’avais bien chaud, sauf aux chevilles et aux genoux… Je vais essayer de me dégoter des « jambières » (on appelait ça comme ça en danse classique) pour les chevilles. Pour les genoux, je ne sais pas ce que je peux faire… une idée ?
La séance fut douce et agréable. Aucun mal aux mollets, seulement quelques tiraillement de reprise du côté des muscles sur les tibias. J’ai marché, couru doucement. Grimpé et dévalé quelques escaliers (ça soulageait mes tibias!) Un enfant en poussette m’a montré du doigt: « Dakikou, dakikou! »… « Oui, a répondu son père, c’est une dame qui court. » Ouf! L’habit fait le moine ^^
J’ai pu constater qu’une reprise n’est pas un redémarrage à zéro. J’avais beau alterner course et marche, je sentais dans mon corps que je n’étais plus en ce mois d’avril 2010 où j’ai posé mes premières foulées. J’étais fière de voir que mon rythme cardiaque restait autour des 160 bpm (sauf le dernier tour que j’ai couru à 10 km/h et 185 bpm ^^), de sentir que j’étais bien et que si je n’allais pas plus vite ou plus loin, c’était par sagesse et non par épuisement. Et ça change tout!
Si tout va bien dans deux semaines, je participerai à la Corrida d’Issy-les-Moulineaux, pour le plaisir de retrouver certains d’entre vous. Ensuite, préparation physique générale d’hiver pour le Snow Trail de la vallée de l’Ubaye, le 13 février avec le Taillefer Trail Team (je vous en reparlerai!) J’aborde l’avenir sereinement, d’autant plus que je signe mon nouveau contrat vendredi, qu’ensuite je prends une semaine de vacances où je vais pouvoir… courir !
(Mise à jour, suite au commentaire de Greg…
– Pourquoi tu cours ?
– Pour apprivoiser l’hiver. )