Trail de l’Oisans – Semaine 22 #1

Retour sur le trail de l’Oisans du 5 juin dernier, couru avec le Taillefer Trail Team à l’occasion de la première rencontre en chair et en os (ou en muscles et en tendons, rayez la mention inutile) d’une grande partie des membres de l’association. Fondé par les amoureux de la région Mickael (Lamiricore) et Jean Marc (Ethiqaventure) en novembre 2010, le Taillefer Trail Team est un groupe de passionnés du trail et de la rando, dont certains ont des blogs, d’autres pas. Avec Noostromo, nous avions eu le plaisir de partager une première expérience en compagnie de Michaël au Snowtrail de l’Ubaye, en février dernier. Mais là, c’est presque l’été, à nous la chaleur des cimes et le soleil montagnard!!.. Heu, non en fait. Il a vraiment beaucoup plu ce week-end là. Mais comme le dit si bien Vinvin : de la pluie sur les corps mais du soleil dans les cœurs!

C’est d’ailleurs avec Vinvin que le week-end de l’Oisans commence : il est venu nous chercher à la gare de Grenoble samedi, il fait alors 29°C. Nous cheminons, nous grimpons jusqu’au col d’Ornon (1371 mètres) et le lendemain matin avant le départ de la course, le thermomètre de la voiture affiche 6°C. Bing Bam! Heureusement, la soirée de la veille aura permis de s’acclimater, entre Assemblée générale de l’association (pour une fois, ce n’est pas moi qui fait le compte rendu ! ^^) et chaleureux dîner « Lasagnes Party ». Sont également présents David, Virginie et Christophe arrivés la veille, Michael, Jean-Marc, François, Fabrice et son ami Dominique, Christian et Françoise. Quelques photos pour vous donner une idée de l’ambiance !

Le gîte du col d'Ornon. Cyclistes, venez-y pas boire sur les tables extérieures avec vos gourdasses, le patron n'aime pas beaucoup ça.
Quelque chose se prépare au fond...
Lasagnes !!
Ça discute et ça rigole...
Jean-Marc nous dessine le plan du 10km/800D+ : "Alors là vous traversez le jardin d'une dame.." AH bon ??
... et ça prend les paris dans un petit carnet. "Et elle mettra combien la première féminine ?"

Vers 22h30 nous prendrons la direction des chambrées pour une nuit… disons… calme… n’est-ce pas, les intermittents du ronflement ? ^^ Le matin, à 6h00 le réveil est bien difficile. En ouvrant les volets nous découvrons un ciel chargé et une pluie menaçante. Ce sera collant long, t-shirt, haut à manches longues, coupe vent et surtout, casquette pour se protéger des gouttes ! Sans oublier la genouillère car j’ai toujours une rotule gauche qui joue au yoyo. Je n’ai d’ailleurs couru qu’une seule petite fois la semaine précédente, pour la laisser au repos. Mais une mini-rando bien sportive avec mon Papa et Nicolas deux jours auparavant, autour du col de la Colombière (1618 mètres) — environ 7 kilomètres et 717 D+, autant de D-, excusez du peu ^^ — m’aura causé un léger retour de l’épanchement de synovie. Le matin du trail le gonflement n’est plus apparent, tout va très bien, Madame la Marquise !

La tenue idéale des championnes aux genoux en vrac !

Le départ du 30 kilomètres/1800D+ est donné à 8h30 (pour entre autres Dominique, Michaël, David, François, Bruno) puis c’est le tour des 20 km/1300D+ (que courra Nicolas) et 10km/800D+ (avec Fabrice qui va soi-disant marcher ^^ Vinvin, Virginie, Christophe et moi).

Nous franchissons l’arche de départ (mais B… de m…, tu vas trouver les satellites, Garmin de mes deux genoux !) et commençons par une montée, qui permet à ceux qui jouent la gagne de se lancer comme des fous-fous, avant de s’engager dans un single track (un sentier où l’on ne peut passer qu’en file indienne et où il est impossible de doubler ses petits camarades).

Virginie me suit de près mais au bout de deux kilomètres son anémie encore présente la rattrape et elle perd son souffle dans une montée de toute beauté mais très, très raide, où de toute façon personne ne court. « Continue si tu veux… » « Non, pas question, je reste avec toi ! » On est sur un TRAIL, banane de mulebar, pas dans un 10km sur route où le chrono compte. Je reste avec ma copine !

Christophe nous rejoindra et du 3eme au 8eme kilomètre, et nous grimpons, nous grimpons, nous grimpons… Le paysage est de toute beauté malgré le brouillard et la bruine, je me croirais presque dans Hansel et Gretel, je m’attends à chaque tournant à trouver une maison en pain d’épices. D’ailleurs à la faveur de la montée, je perds un peu la tête : je crois entendre des voix au loin et j’annonce à mes amis : « Ah… Je crois qu’il y a des encouragements pas loin, on s’accroche ! » Mais quelques centaines de mètres après, point d’encouragements collectifs, ce n’est qu’un troupeau de moutons qui bêle !!

La pause Mulebar Summer Pudding, un régal !

Heureusement les bénévoles sont très présents tout au long du parcours, ils nous donnent du courage. Eux sont là par engagement collectif et amour de leur pays, ils sont sous la pluie sans bouger tandis que nous ne sentons pas le froid en courant, en marchant, en grimpant… Merci mille fois à eux !

C’est enfin le haut de la montagne !  Deux bénévoles notent le numéro de nos dossards pendant que nous faisons une petite pause ravitaillement ! (OUI, ENCORE 😉 ) Je sors l’arme fatale : la crème de marrons offerte par Vinvin à Nicolas et moi la veille, conditionnée en sachets genre « pom’pote » (oui je dis la marque, ça ira plus vite que de le décrire ^^) très pratique pour les randos et le trail mais impossible à trouver en région parisienne ! Quel délice, je fonds de plaisir avant de repartir « pas plus vite qu’à fond » dans la descente.

La sensation de la descente est tellement grisante ! Je fais bien attention à faire de petits pas, pour ne pas appuyer trop lourdement sur mes articulations. Dans les parties plus techniques, avec des petits cours d’eau à enjamber, des glissades dans la boue, des grosses racines, des virages, etc. je présente d’abord ma « bonne » jambe (la droite) pour que la gauche reçoive un peu moins. Je n’ai pas beaucoup d’expérience dans la course à pied, encore moins dans le trail, mais j’ai parcouru de nombreux chemins dans ma campagne limousine (merci les parents, je râlouillais pour aller marcher quand j’étais gamine mais maintenant j’adore !) et j’ai l’impression de « connaître » le relief des forêts. Le cerveau fonctionne complètement différemment en trail, par rapport à la course sur route : il faut sans cesse anticiper l’endroit où les pieds vont se poser, je regarde environ un à deux mètres plus loin, jamais directement mes pieds, et ils se posent là où mon regard s’est posé.

Virginie semble s’amuser autant que moi et j’essaie de ne pas y aller trop fort pour ne pas l’entraîner à blesser à nouveau son genou. Mais j’entends un cri juste derrière moi et je sais alors qu’elle s’est fait mal. Nous en sommes à 1h52′ de course et le franchissement de l’arrivée sous la ligne des 2h passe au second plan. Il faut finir, coûte que coûte, vaille que vaille. Nous passons un petit pont, Fabrice est déjà là et nous indique qu’il reste quelques mètres avant l’arrivée… Mais l’arrivée est en côte, et là c’est vraiment dur de courir pour finir ! Nous franchissons la ligne en 2h06 et je reçois ma copine toute cassée du genou ! Nous allons directement voir la sécurité civile pour un glaçage et du réconfort, puis Christophe arrive également à bout de forces. Je me rends compte combien courir est plus fort que tout lorsque c’est une passion, plus fort qu’une chondropathie rotulienne « en cours retape » (!!), qu’une anémie ou une pleurésie si longue à guérir…

J’attends Nicolas pour environ 3 heures de course et part tranquillement me changer, échangeant quelques mots avec la petite Camille, 9 ans, qui va s’élancer dans quelques temps sur la « course des enfants » d’un kilomètre. Mais Nicolas finit en fait sa course de 20 km/1300 D+ en 2h45, et je manque son franchissement de ligne d’arrivée 😦 Qu’à cela ne tienne, je le rejoins et me jette dans ses bras tout mouillés ! ^^ Je pars en fou rire à la vue d’un morceau de pain d’épices dépassant d’une poche de son camelback, détrempé, immangeable… Il l’a simplement mis de côté au ravito « au cas où il ait un petit creux sur la route » 😉

J'adooooore cette photo ! Merci à Virginie de l'avoir prise !

Après quelques navettes Gite/Ornon pour les douches (merci Vinvin !), nous nous retrouvons sous le soleil pour un repas durant la remise des prix, assorti d’un petit concert de jazz manouche. Un petit Génépi (merci Fabrice !) et c’est dejà l’heure de quitter la montagne pour la plaine, bien fatigués mais des souvenirs plein la caboche.

Deux semaines plus tard je retiens de ce week-end un monceau d’amitié, de passion, de courage, de partage et de vie collective, quels que soient l’âge, la condition physique, le niveau, les objectifs de chacun. Ce qui se vit et se construit dans ces moments est tellement fort !

En espérant que ce billet rédigé tardivement après la course relance mon envie d’écrire, un peu perdue ces derniers temps… Car j’ai plein de choses à vous faire partager et notamment cette semaine : une sortie sur le front de mer au Havre, un fractionné dans les fabuleux et cinématographiques escaliers de l’orangerie du château de Versailles, et une sortie « anti-gueule de bois » de 15 bornes, ce matin dans le sud de l’Essonne après un mariage…

25 réflexions au sujet de « Trail de l’Oisans – Semaine 22 #1 »

  1. La crème de marron ça se trouve un peu partout en grande surface genre carrefour à coté du nutella, tu sais où c’est ça ^^
    Excellent ce récit et très touchant.
    On a hâte vous revoir.

    1. Oui je sais où est la crème de marrons (et le nutella, j’aime pas ça ^^), mais je parlais de la crème de marrons conditionnée en pom’pote !
      On se voit en août, ça va être super sympa !

      1. Je parle bien de la crème de marron en pompote de clément Faugier .
        J’en ai a chaque sortie sur moi depuis février grâce à lamiricore

  2. Haaa merci beaucoup ma Clara pour ce superbe compte-rendu, si l’envie d’écrire t’étais un peu passé, ton talent lui est intact ! Et revivre ce moment magique aujourd hui a travers tes yeux est un pure bonheur, alors l’attente étais largement justifiée ! Merci d’avoir été là , j’ai pris une grande leçon à tes cotés, l’esprit sportif , l’amitié et l’ humour qui te caractérisent ont été un soutient infini lors de ce Trail ! Merci!

    1. On a effectivement bien rigolé malgré la souffrance de chacun ! J’ai oublié de mentionné les chansons, dont le générique de « Mario » ! ^^
      L’écriture, ça va revenir, c’est surtout que j’écris toute la journée pour mon travail et le soir venu je n’ai plus le goût de tâter de l’ordinateur ! La solution : se lever plus tôt comme toi, Djozikian, Christian ^^ et investir dans les carnets Moleskine !

  3. @Intermittent du ronflement…c’est un job ça ?? En tout cas, ça anime les nuits !! Et en plus, ça ne t’a pas vraiment empêché de dormir, tu étais même en forme le lendemain !

  4. Très beau CR, je l’ai même lu deux fois 🙂
    C’est dommage qu’il ne faisait pas plus beau, car la montagne sous la pluie est un peu triste; mais cela n’a toujours rien à voir avec l’asphalte des villes 😉
    Ce qui est très agréable sur ce genre de course; c’est l’esprit trail; quelque chose que l’on ne retrouve pas dans les joggings et c’est bien dommage.
    Bonne continuation…

    1. Merci Vincent ! Même sous la pluie, la montagne était magnifique, la brume donnait une atmosphère très féérique… Quant à l’esprit trail, je le redécouvre à chaque course avec bonheur.

  5. Encore un beau récit,.Intéressant d’avoir des versions différentes et qui nous font vivre vos courses. Bravo pour vos performences

  6. Beau conmpte rendu, et comme celui de noostromo, valait la peine d’être attendu…
    Dommage que le temps n’était pas au rendez vous

    1. Oui c’était une belle aventure, et la relater deux semaines après c’est comme feuilleter un album photo de souvenirs ! Merci à toi et féloches pour ton beau 10KM !

  7. Un bel atmosphère de camaraderie lors de ce trail. Tout ce beau monde forme une belle communauté qui nous amène à passer des moments mémorables. On voit bien à la lecture que tu as eu énormément de plaisir. Quelle chance !

    1. C’était effectivement génial, tant pour les moments partagés que pour le cadre magnifique. J’espère bien qu’un jour on aura l’occasion de se rencontrer au Québec !

  8. Content de savoir que tout va bien depuis ces 15 jours, et que apparemment, vu ce que tu as fait depuis, ton genou ne t’as pas lâché !
    Merci pour ce CR bien détaillé 😉
    Bon on remet ça l’année prochaine…avec une version « soleil  » 🙂
    En espérant quand même avoir la possibilité de se retrouver avant.

    1. Aaaah, Vinvin, j’espère bien que la prochaine ce sera très bientôt ! Merci encore à toi pour ces moments partagés !
      Depuis ces 15 jours, j’ai d’abord fait un peu attention : une seule sortie la semaine suivant le trail. Puis un peu moins attention : 4 (oups !!!) sorties cette semaine. Du coup j’ai un chouilla mal ce matin après la sortie de 15 bornes d’hier, car mes quadriceps ne sont pas encore assez musclés pour bien soutenir ma rotule… Alors : petit repos, et mollo cette semaine !

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