La nocturne du Hans – Semaine 29 #1

D’ici quelques heures, Nicolas et moi prendrons le train de nuit pour Banyuls, première étape de nos vacances en randonnée itinérante dans les Pyrénées. Avant de grimper sur le marchepied, je tenais absolument à revenir sur la dernière course de la saison, accomplie en terre alsacienne : la nocturne du Hans à Obernai le 23 juillet dernier, course nocturne de 12 kilomètres et 115 D+ entre vignobles pentus et ruelles aux flambeaux.

Je me remets enfin de ma côte froissée durant le Trail de Sully, mais je n’ai pas énormément couru dans les semaines précédentes : deux sorties à Versailles, une à Saint-Chartier, c’est pas bien lourd. Heureusement, une séance de fractionné s’est improvisée dans les couloirs de la station de métro Montparnasse-Bienvenüe, la veille de la course. La SNCF ayant supprimé un train Versailles-Montparnasse (12 minutes quand c’est direct, eh oui Messieurs-Dames!), me voilà en retard pour le Paris-Strasbourg. Le site de prévision de trajet de la RATP comptait 9 minutes de marche entre la gare Montparnasse et les quais de la ligne 4 du métro : chaussures de rando aux pieds, sac sur le dos, me voilà partie dans une course folle qui m’amènera 4 minutes plus tard dans la rame, direction Gare de l’Est. A la station Cité, je n’avais toujours pas retrouvé mon souffle. Mais je suis arrivée à temps pour le TGV, et c’est tout ce qui compte. Merci la course à pied !

La journée du samedi est consacrée à la famille, au repas en anticipation de l’anniversaire de Nicolas, aux balades en ville. Ça n’a rien à voir avec la course mais je ne résiste pas à l’envie de partager quelques photos d’ambiance, dont la tarte à la mirabelle de la maman de Nicolas, un délice (et maintenant j’ai la recette et tous les tours de main 🙂 )

Tarte à la mirabelle de Fabienne
Maison du quartier de la Krutenau
Une girafe qui pleure (Ecole des Arts Décoratifs)
La cathédrale de Strasbourg (et des immeubles pas très droits)

On le voit bien sur les photos prises ce jour-là : le temps est « variable », un coup gris, un coup de ciel bleu. Eh bien pour la course ce sera pluie et vent glacial. Ou plutôt : juste avant la course. Car dès que le coup de pistolet retentira, les gouttes s’espaceront pour laisser passer les coureurs.

Le départ de notre « vague » est prévu à 22h09, ce qui nous laisse le temps de profiter de l’ambiance aux alentours du retrait des dossards (coureurs déguisés, groupes folkloriques, grandes tablées sous la halle du marché et produits locaux en l’espèce de bretzels, flammenkuches et bières — pas très sérieux avant une course, mais sommes-nous faits pour être sérieux ?) On se réchauffe comme on peut, on rigole, on danse, et on essaye les super casquettes à LED. Et on se dit qu’on garderait bien notre petite laine pour courir…

The Obernai's touch
Oh ! Une cigogne !

Eh bien la petite laine, elle va bien m’enquiquiner. Je le sais bien pourtant, qu’il faut se munir de sacs poubelles pour ne pas avoir froid dans les sas, puis les jeter par terre comme des malpropres dans les premières centaines de mètres. Mais non, j’ai froid, je n’en démords pas, et je reste avec le combo veste manche longue légère + veste imperméable à capuche. Et pourquoi pas un bonnet, tant qu’on y est ?

Nous sommes en première ligne de notre vague de départ. On se souhaite bonne course, on sait que ça va partir vite et nous avons chacun notre route à tracer. Et ça part super vite ! Je démarre à 4’30 du kilomètre, ce qui est complètement branque vu la distance et le dénivelé qui m’attend. Je ralentis donc un peu et me laisse gagner par l’ambiance exceptionnelle de cette course. « Emotion, magie nocturne, ambiance insolite et festive », annonçait l’organisateur. Tout y est. En général, au début d’une course, je retiens toujours une petite larme, surtout s’il y a une battucada dans les parages. Ici il y a non seulement une battucada, mais des centaines de personnes dans les rues, des clameurs de toute part qui accompagnent nos pas. Je ne peux plus rien retenir et je pleure pour de bon, je me dis que j’ai de la chance de vivre un tel moment et que les Alsaciens sont merveilleux !

Après une première petite cote très raide au premier kilomètre, une petite descente nous conduit au début de l’ascension du Mont National. Le dénivelé est d’environ 60m sur 1300m. Cette montée que j’appréhendais un peu est très régulière, ça ressemble plus à un grand faut-plat qu’à une vraie côté. Il y a du monde sur toute la montée, les habitants et bénévoles tiennent des flambeaux dans la main. Devant tant d’encouragements, impossible de flancher ! Je ne marcherai jamais dans les côtes grâce à eux. A un moment je penche un peu la tête vers le sol et l’un des spectateurs me lance : « Oui, c’est bien, comme ça tu vois pas la montée! » Je pars d’un grand éclat de rire qui me redonne de l’énergie. Je marcherai seulement quelques mètres aux ravitaillements, et c’est à ce moment que je me fais re-doubler par les gens que j’ai doublé dans les côtes.

En plus des spectateurs, la musique redonne aussi beaucoup d’énergie. Dans la ville-même, ce sont des concerts de rock et dans les champs, des baffles sont planquées sous des bâches. En général je ne suis pas fan de dance et de musiques de boîtes de nuit mais je vous assure que dans ces vignes et ces champs, je n’ai jamais été aussi ravie d’entendre Renato Carosone en remix. Enfin à ce moment-là j’étais tellement high que j’aurais entendu René La Taupe, j’aurais trouvé ça super.

Je suis jusqu’à la fin de la course entre 5’30 et 6′ au kilomètre, malgré les côtes et les ravitaillements. Et je n’en suis pas peu fière, au vu des entraînements récents et des galères genou en mousse / côte en carton.

Un peu avant l’arrivée une nana me bouscule pour me doubler. Ça ne me plaît pas beaucoup, le raifort me monte au nez ! J’attends quelques secondes, je rassemble mon restant de forces et dans le dernier sprint je la grille de plusieurs secondes, à 1h09′. Non mais, vilaine ! Je retrouve Nicolas dans le sas d’arrivée, fier et heureux de ses 57′ et nous sommes hélés par Mathès qui a laissé poussé ses cheveux par rapport au marathon de Paris 🙂 Malheureusement blessé depuis quelques temps, il n’a pas pu participer à la course. Mais l’année prochaine, nous la ferons ensemble !

Nous rejoignons Fabienne et Claude de l’autre côté de la barrière et la fatigue me tombe dessus : en voiture, on rentre à la maison! Nous sommes ainsi les premiers hôtes de la la toute nouvelle Chambre d’hôtes La Célestine de Fabienne et Claude et passons la nuit dans la chambre D’kammer, aux couleurs de l’Alsace.

Chambres d'hôtes La Célestine, Strasbourg

Vivement la prochaine !!

Des datas, des datas :

– classement scratch  2100 sur 2990 classés
– temps  1:09:07
– soit une moyenne au km de 5:45  et une vitesse en km/h de 10.416
– classement dans votre catégorie SEF : 145

11 réflexions au sujet de « La nocturne du Hans – Semaine 29 #1 »

  1. J’ai loupé ça de peu mais avec ton récit c’est un peu comme ci on y était ! Bravo pour vos Perfs avec des flamms et de la biere dans le ventre !

  2. Très très émouvant ton récit ma twin ! Merci d’avoir pris le temps de nous livrer ce moment magique…. et amusez vous bien ! On se retrouve après votre rando !

    1. Merci Buzzy ! Demain matin à l’aube, nouveau billet qui détaille les étapes de notre parcours… vous êtes quelques part vers la fin 🙂
      Hâte de vous revoir !

  3. Un beau weekend end Alsacien!
    Et la batucada, ça me rappelle un de tes premiers billets, ça devait être pour « la parisienne » je crois…
    « Merci la course à pied » : C’est vrai que dans certaines situation ça peut être utile!
    Bon départ et bonne vacances, et j’attends le prochain billet sur les Pyrénées. 😉

  4. Mais qu’est ce que vous avez tous avec mes cheveux… je voulais me la faire rebelle, mais là suis passé chez le coiffeur !!!

  5. Sympa le récit ! Je me trouve encore plus au nord en ce moment, près de Francfort, et le peuple allemand, c’est une partie importante de mon héritage culturel… J’ai comme toi un vrai faible pour les animations populaires…

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