Détourner le mobilier urbain pour faire du sport, une idée qui fait son chemin! C’est ce que proposent Alain Dalouche & Alain Rosseli, avec la participation d’Annette Sergent, double championne du monde de cross-country, dans un ouvrage sorti au mois de février 2013 aux éditions Amphora.
Fiez-vous au sous-titre : il s’agit bien ici d’utiliser le mobilier urbain pour réaliser des exercices spécifiques de « gammes » ou de préparation physique générale (PPG) au sein d’une séance de course à pied : étirements, renforcement musculaire, travail des appuis, de la réception ou de l’équilibre. Le quatrième de couverture annonce la couleur : « Plus de 15 mobiliers urbains universels détournés pour l’entraînement! »
Cette idée du détournement de la ville pour en jouer selon son bon plaisir rejoint celle développée par plusieurs courants artistiques, dont l’un des plus proches de la démarche des auteurs de « Courir en ville » serait peut-être « La Ligne Citadelle – Laiterie » du groupe Démocratie Créative : un parcours sportif au coeur de Strasbourg qui propose un ensemble d’activités en plein air basées sur le mobilier urbain. « Chacun des agrès qui compose cette ligne est imaginé sur des aménagements bruts (barrière, échelle, signalétique au sol, et quelques anomalies) dont l’usage primaire a été transformé en véritable parcours de santé. Au programme pour les citadins, sportifs et curieux : étirements, flexions, extensions, sauts de barrière, poutre d’équilibre, saute-mouton, slalom, échelle d’escalade, barre fixe… C’est une occasion ludique de voir la ville et de s’y déplacer pour quiconque à de l’énergie à revendre. » Des mobiliers urbains ordinaires et quasiment invisibles tant on les croise souvent deviennent de véritables jouets.
Une carte interactive donne chaque point de la ville à revisiter, ajoutant une nouvelle dimension ludique et graphique à la démarche.
La vidéo suivante donne une bonne idée de la démarche, entre sport du quotidien et balade entre potes, avec une bonne dose de second degré :
L’ouvrage « Courir en ville » présente quant à lui 45 exercices et variantes, qui pourraient permettre à chacun d’entre nous de créer ce même type de « ligne », dans sa ville. La lecture est facilitée par des phrases efficaces, des paragraphes aérés, un code couleur selon le niveau de forme physique et de nombreuses photos présentant les exercices. Ces photos sont mixtes, 2 hommes, 2 femmes, c’est peut-être un détail pour beaucoup mais pour moi ça dénote un effort de normalisation du sport féminin particulièrement notable !
Une introduction couronne les fiches d’exercices, avenante: une référence à Emil Zatopek, qui utilisait son environnement pour améliorer sa préparation ; une orientation vers l’écoute de ses sensations comme échappatoire à la routine ; une ouverture vers une « troisième voie », juste équilibre entre le fractio’ qui tape et le footing pépère. « Amusez-vous, retrouvez le plaisir d’enfant des sauts, des équilibres ou des accélérations. Jouez ! »
L’aventure est donc au coin de la rue. Le sommaire par mobilier et l’index par ateliers spécifiques se présentent comme un inventaire non exhaustif, une invitation à faire fonctionner ses méninges pour saisir les opportunités offertes par notre environnement, en accord avec notre parcours et notre histoire de coureur. Prenons ma situation (au hasard !) : je reprends la course à pied après un long arrêt, je me suis par le passé blessée légèrement, je connais les faiblesses de mon organisme et les points à renforcer. Petit inventaire:
- Je me suis blessée aux genoux (patte d’oie, tendons) : je vais rechercher les exercices qui travaillent l’alignement de la foulée et la musculation des quadriceps.
- Je me suis blessée aux mollets, à l’insertion du tendon d’Achille : à moi les exercices de renforcement musculaire des mollets.
- Et bien sûr, comme toute travailleuse du tertiaire avachie devant son écran, je vais devoir penser à la tonicité du haut du corps.
Le sociologue Michel de Certeau, étudiant la marche comme pratique ordinaire de la ville, écrivait ceci: « Les cheminements des passants présentent une série de tours et de détours assimilables à des « tournures » ou à des «figures de style». » (L’invention du quotidien, T.1 Arts de faire, p.151) L’espace urbain conçu par les architectes et les urbanistes serait un « sens propre », sur lequel les passants construiraient des dérives, un « sens figuré ». L’ouvrage « Courir en ville » propose ainsi, par la multiplicité d’appropriations qu’il révèle, d’introduire des figures de style, dans sa séance de course à pied et dans l’espace urbain.
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Retrouvez les autres articles de la Runnosphère sur cet ouvrage :
– Djailla : http://blog.djailla.com/2013/03/11/a-lire-courir-en-ville-dalain-dalouche-et-alain-rosselli/
– Deniv’Plus : http://denivplus.com/jai-lu-pour-vous-courir-en-ville/
– Love Life Running : http://loveliferunning.com/courir-en-ville-editions-amphora/
– The Good Way to Tun : http://thegoodwaytorun.wordpress.com/2013/02/28/courir-en-ville-editions-amphora/
– Maya : http://maya-leblog.blogspot.fr/2013/04/livre-courir-en-ville.html
– Courir à Nantes : http://www.couriranantes.fr/2013/04/courir-en-ville-ou-les-joies-de-la-ppg.html?m=0
– Emmanuelle Blanck : http://www.emmanuelleblanck.fr/ppg-plus-dexcuses-courir-en-ville-le-manuel-de-lathlete-complet/
Le sommaire et quelques pages en ligne : http://files.onlineville.com/185/pdf/A844.pdf
C’est un très bon livre! Il est bien fait je trouve, avec ce classement par mobilier. Je l’ai encore à la maison pour quelques jours..Ensuite il retournera à la bibliothèque! 😉
du même éditeur il y a « entrainement sportif en milieu urbain »
d’autres exercices tout aussi intéressants pour faire son activité physique avec le mobilier urbain
téléchargeable au lien http://bit.ly/1avEicv