Le ciel était d’un bleu sans faille sur l’avenue de l’Opéra. Il faisait doux, comme si les dieux des coureurs nous avaient concocté spécialement un petit dimanche au dessus des normales saisonnières. C’était le jour de mon premier « 10 km », dimanche 3 octobre 2010, et je m’en souviens comme si c’était hier… normal, c’était hier!
Monsieur M. et moi arrivons à 9 heures 15, place du Palais Royal, le départ étant prévu à 10 heures. J’ai déjà décidé que je ne courrai pas avec le t-shirt-dossard officiel, en coton et en taille XL dans lequel je flotte. J’ai déjà ma puce attachée à mes nouveaux lacets Xtenex — oui je sais, ce n’est pas futé de tester un nouveau matériel le jour d’une course… mais je n’ai eu aucun souci, je me suis sentie très à l’aise… merci encore à Team Outdoor pour m’avoir fait découvrir cette innovation!
Petit échauffement place Colette, autour du Kiosque des noctambules et ses billes de verre colorées. Et là, ça commence mal… je souffre des quadriceps, les mêmes qui m’ont fait boiter deux semaines auparavant. Je me dis qu’il faut que la machine se chauffe, et heureusement, j’ai raison, la douleur passera. Suivant le schéma d’échauffement du VRC 92, je me lance pour finir dans 3×100 mètres rapides, dans la rue des Pyramides. J’ai encore un peu mal. A ce moment-là je ne suis même pas sûre de pouvoir finir les 10 kilomètres, je me dis que j’adapterai l’allure en fonction des sensations.
Dans la foule du départ, je choisis de me mettre vers le fond. Je n’ai pas envie de gêner les coureurs plus rapides que moi et je crains de partir trop vite… à cet endroit, il y a moins de risques ! Cette stratégie ne s’avérera en fait pas très payante, parce que je vais avoir du mal à doubler par la suite, dans les ruelles étroites, et je vais parfois ralentir inutilement mon allure. Et puis au moment du coup de feu, ça piétine, ça piétine ! L’ambiance est très sympa dans ce « fond de classe »: c’est ma première course seule, sans Monsieur M. ou mes collègues, mais je discute et je blague avec les participants. L’un d’entre eux a eu la super idée de découper le numéro de dossard dans son t-shirt en coton et de l’attacher avec des épingles à nourrice sur son t-shirt technique. Et comme il a fait la découpe en forme de t-shirt, c’est génial ! Une fanfare joue sur la ligne de départ, et avec la musique et le trac qui monte, j’ai presque envie de pleurer d’émotion.
Enfin je peux m’élancer dans l’avenue de l’Opéra. Paris est vidée de ses voitures, on n’entend que le bruit des pas des coureurs sur l’asphalte. C’est d’ailleurs ce qui marque d’emblée dans cette petite vidéo prise par Monsieur M. au premier kilomètre. Je suis tellement concentrée que je ne l’aperçois pas — je suis en t-shirt bleu clair à la fin de la séquence. (Petite précision: on a fortement l’impression sur la vidéo que les coureurs s’écartent pour éviter ce gêneur qui filme, mais en réalité il était au pied d’un feu de signalisation et c’est cela que les coureurs contournaient ! ^^ Autre détail croustillant: on voit un clampin endimanché qui essaye de traverser la route et qui se plante devant la caméra… Petit juron de Monsieur M. !)
J’essaye tout au long de la course de profiter du paysage, mais finalement je reviens assez vite sur mon souffle, sur le rythme de ma foulée, un oeil sur ma montre-chrono à chaque kilomètre parcouru. Je suis régulière, 6 minutes par kilomètre ou un peu moins. C’est comme une petite victoire à chaque fois : « 3 fois 6 = 18… 17’55, yes ! » La douleur des jambes a complètement disparu, j’ai juste les mollets un peu gourds mais je trouve une pensée qui me soulage. Je me dis « Tes mollets, tu les confies à tes manchons Booster »… et aussitôt, je me détends. Idem pour mon ampoule au pied gauche : « Ton ampoule, tu la confie au pansement Compeed »… et je parviens à ne plus y penser.
Ce sont surtout les églises qui retiendront mon attention de runneuse du dimanche. A chaque fois, j’ai une pensée pour Dieu et pour les gens que j’aime, au ciel ou sur terre. Je suis assez mystique, quand je cours ! Mais une réflexion de la part d’un crapaud de bénitier sur les marches de Notre Dame des Victoires viendra ternir l’un de ces beaux moments. Il persifle un « Circulez, y’a rien a voir ! », avec un air méchant… Dieu est peut-être bon, mais certaines ouailles sont des bécasses !
Au ravitaillement du 5è kilomètre, je formule une drôle de réflexion… « 29’10, c’est bon, tu as le temps de prendre une bouteille d’eau »… C’est quand même un peu grave qu’une des choses les plus élémentaires de la course (la ré-hy-dra-ta-tion ^^) passe après le chrono ! J’essayerai de ne pas tomber dans ce travers… Après le ravito, terrain trempé et plein de bouteilles en plastiques, une petite côte des familles nous attend, courte mais bien pentue. Je garde le rythme en essayant de ne pas glisser. C’est qu’elles accrochent bien, ces Asics !
Au sixième kilomètre, l’une des coureuses dit à une amie « Ça y-est, on vient de faire La Parisienne. » Et je me dis à ce moment que je débute des kilomètres que je n’ai encore jamais franchis en compétition. Jusqu’au neuvième, tout va bien. Je vois que je tiens le rythme et que j’ai une chance de pouvoir finir sous la barre d’une heure. Au huitième, j’entends Monsieur M. qui me hèle, ça me fait chaud au coeur de le voir à ce moment là, je lui fais coucou de la main et il paraît que j’avais un grand sourire…
Le dernier kilomètre sera pour moi le plus difficile: je suis presque à bout de forces, je n’arrive plus à être aussi à l’aise. Le plus dur est que je ne parviens pas à percevoir la ligne d’arrivée, et je ne sais plus du tout où j’en suis. Les supporters sur le bord de la route ne m’aident pas beaucoup avec leurs indications, l’un dit « encore 60 mètres » et un autre après « plus que 200 mètres »…
Je vois enfin la place Colette, et plus loin, la ligne. Je me lance dans un dernier sprint, dépassant quelques coureurs exténués. Puis c’est le « bip » de la puce, l’extinction de mon chrono et de mon Runkeeper qui m’annonce bravement que j’ai couru 7 kilomètres… merci le GPS foireux ^^
J’ai besoin d’eau, j’ai besoin de sucre, et le sas après la ligne d’arrivée est toujours aussi difficile pour moi : on est tous serrés, tout le monde est un peu groggy, j’ai besoin d’air frais… J’arrive à me frayer un passage, à prendre une bouteille d’eau et un bout de banane, sans oublier la médaille des finishers ! J’ai reçu un texto de Noostromo que je rejoins devant le mur des Post-it. Il est aussi content que moi: nous sommes tous les deux juste en dessous du temps que nous espérions faire. Pour ma part, c’est en 58 minutes et 46 secondes que j’aurais parcouru ces 10 kilomètres. (On se fera une belle frayeur par la suite car les temps « officiels » et non pas « réels » nous seront communiqués, nous faisant dépasser de quelques secondes nos objectifs…)
Monsieur M. arrive et après les étirements de rigueur nous partons tous trois à la recherche d’une terrasse pour une petite bière bien méritée. Un dernier moment très chouette, où toute agitée je refais la course en paroles, heureuse. Nous voyons passer les derniers coureurs, puis la voiture de la sécurité civile qui ferme la marche, alors que nous sommes tranquillement assis, étirés, détendus.
Sur le mur des Post-it, les papiers se sont accumulés. Mais le mien est toujours là ! 🙂
PS: Pourquoi tu cours ? Pour voir Paris sans voiture un dimanche matin, et dépasser mes limites !
Félicitations !!!
Je me fait des idées ou tu te prends au jeux de la compétition 🙂 ? quand on commence c’est difficile de savoir ou est quand ça va s’arrêter.
Super sympa le coup du post-it, la TTT sur les murs de Paris! tout un symbole
bravo ! quand on débute en course à pied, passer sous la barre de l’heure sur 10k est toujours une étape importante. Ensuite on songe à se rapprocher le plus possible de la demi-heure. Oui bon, j’idéalise la progression hein 🙂
j’ai couru mes premiers 10k en compétition après mon premier marathon cette année (logique implacable) pour varier les sensations et travailler la vitesse. Et je dois dire que ça donne l’impression de changer de sport. Les souffrances ne sont pas les mêmes et j’en ai bien plus bavé pour accrocher les 40m sur 10k que les 4h sur 42.
avec tes séances au VRC tu devrais assez vite passer sous les 55min !
Bravo,
d’abord pour le blog, fort sympathique et agréable à lire. Ensuite pour ton temps, surtout après si peu de pratique. Cela te laisse entrevoir une bone marge de progression.
Encore bravo.
Bravo !! Pour ce qui est des pensées mystiques quand tu cours, ne te sens pas trop seule !
FélocheS !!!
FélocheS !!!
FélocheS !!!
FélocheS !!!
FélocheS !!!
FélocheS !!!
FélocheS !!!
FélocheS !!!
FélocheS !!!
et re FélocheS !!!
Reste après à toi de voir si tu veux plutôt baisser le temps ou augmenter la distance…
Que dire d’autre que bravo, félicitation pour ton temps, ton récit, à croire qu’on y étais et comme toujours j’adore le ps : dépasser ses limites, tiens j’ai déjà lu ça quelque part 😉
Chouette récit, je regrette presque de ne pas m’être inscrit.
En effet, s’autoriser la bouteille d’eau car le chrono est bon, drôle de réflexe 😉 En plus j’ai l’impression que tu as l’oeil sur le chrono et l’air très concentrée dans la vidéo (j’ai regardé un bout sur la fin).
La compét’ te gagne? 😉
Bravo! Et deja un propre channel youtube! Tu vais devenir une grande marque 🙂
Merci à tous ! Vos messages me font autant plaisir qu’un franchissement de ligne d’arrivée 🙂
@Lexel: Oui, je me prends au jeu, mais on en parlait hier avec Noostromo, je crois qu’une dimension me manque lorsque je cours « seulement » pour le chrono. C’était intéressant de rester concentrée sur ma foulée et mon souffle, mais cela manquait de variété. Du coup le trail prend tout son sens, je pense que ça comblerait mes attentes!
@Philippe: Je pense que l’entraînement en club va vraiment me faire progresser. A moi ensuite de construire ma propre voie dans la course à pied pour atteindre ce qui me correspond le mieux… C’est vrai que dans un premier temps j’ai envie d’améliorer la vitesse et l’endurance (les deux, tant qu’à faire !), mais pas juste pour le chrono, même si parvenir à du 11 ou 12 km/h sur un 10km serait génial !
@AC: Merci de ton passage ici, je me suis abonnée à ton blog via WordPress et je vais t’intégrer dans la blogroll.
@Julie: Je crois qu’on se ressemble sur plein de points ! ^^
@Doune: Thx, Thx, Thx !! Je veux baisser le temps ET augmenter la distance ^^
@Mathes: Oui, je crois qu’on dépasse tous les siennes, avec la course à pied, ou avec le sport en général. Je pense que cela ne me quittera jamais…
@SebRom: Sur la vidéo, je vois surtout que je suis un peu lourde et que je tiens mes bras n’importe comment ! Oui, la compet’ me gagne, comme la montagne ^^
@ReneS: C’était plus simple de passer par Youtube pour intégrer la vidéo… Du coup ça me donne envie de diffuser des petits films 🙂
Pour quelqu’un qui disait encore Jeudi soir dernier à la Veillée du Bois y aller doucement…tu as replongé bien vite et je t’en félicite !!
Oui, finalement les douleurs et tensions se sont envolées avec le départ de la course !
Toutes mes félicitations !!!!
Moins d’une heure pour ton premier 10km!
que demander de plus! 😉
Encore bravo pour ta perf et ton compte rendu, toujours très agréable à lire.
Je me suis bien cherché sur la vidéo, mais va trouver un runner en bleu au milieu de 2500 runner(euse)s en bleu. T’as bien joué le coup en ne mettant pas le tshirt officiel 😉
Toujours des récits bien écrits et une belle perf… encore félicitation !
@vinvin20 : Oui, c’est beau ! 🙂 Mais y’avait comme un début d’entraînement, ceci explique cela…
@noostromo : Merci, moi aussi j’aime bien tes CR ! Et pour le t-shirt, vu la taille c’était… obligé 😉
@PetitSupinateur : Thanks ! (Je me rends compte que tu n’es pas dans ma blogroll… je vais t’ajouter !)
Bravo pour cette perf! Moins d’une heure pour son premier 10km, c’est prometteur!
Merci Greg ! C’est vrai que des progressions comme celles de Noostromo laissent rêveur… Mais j’ai aussi envie d’alterner « courses avec chrono » et « courses conviviales », comme ça va être le cas dimanche prochain aux Boucles de la Porcelaine. Pour garder le plaisir !
Excellent !!!! Et merci encore pour le post-it du Taillefer Trail Team
BRAVO , un bon temps et en plus on dirait que tu t es fait plaisirs
@Michaël: Héhé!.. Je suis très contente de ce petit clin d’oeil !
@Tuxien: Merci, oui c’était un bonheur (heu… sauf le dernier kilomètre 😉
Félicitations. Les premières c’est toujours assez spécial. Vivement la prochaine non ?!
@Nicolas: Oui, vivement la prochaine ! C’est ce dimanche, à Limoges, 10,7km en mode plaisir et sans chrono en vue, avec mon amie Aurélie. Du kiff et du kiff ! 🙂
Félicitations,
ton blog me rappelle mes proches débuts (mars 2010) ;=)
Depuis, je suis devenu un peu monomaniaque sur le running mais je crois que c’est une bonne « manie ».
Et merci pour les vidéos, je me suis vu passer place Vendome sur le film de ton ami !
Dimanche, je fais la voie royale à Saint Denis, ça va être le kiffe de passer dans le stade de France !
Bonne continuation à toi et garde la pêche !
Merci, c’est un plaisir si tu as pu te voir, et bonne course pour demain (effectivement passer dans le Stade de France, ça fait rêver !)