Jour : 4 octobre 2010

10km de Paris Centre, mon premier 10000! (2/2)

Le ciel était d’un bleu sans faille sur l’avenue de l’Opéra. Il faisait doux, comme si les dieux des coureurs nous avaient concocté spécialement un petit dimanche au dessus des normales saisonnières. C’était le jour de mon premier « 10 km », dimanche 3 octobre 2010, et je m’en souviens comme si c’était hier… normal, c’était hier!

Monsieur M. et moi arrivons à 9 heures 15, place du Palais Royal, le départ étant prévu à 10 heures. J’ai déjà décidé que je ne courrai pas avec le t-shirt-dossard officiel, en coton  et en taille XL dans lequel je flotte. J’ai déjà ma puce attachée à mes nouveaux lacets Xtenex — oui je sais, ce n’est pas futé de tester un nouveau matériel le jour d’une course… mais je n’ai eu aucun souci, je me suis sentie très à l’aise… merci encore à Team Outdoor pour m’avoir fait découvrir cette innovation!

Petit échauffement place Colette, autour du Kiosque des noctambules et ses billes de verre colorées. Et là, ça commence mal… je souffre des quadriceps, les mêmes qui m’ont fait boiter deux semaines auparavant. Je me dis qu’il faut que la machine se chauffe, et heureusement, j’ai raison, la douleur passera. Suivant le schéma d’échauffement du VRC 92, je me lance pour finir dans 3×100 mètres rapides, dans la rue des Pyramides. J’ai encore un peu mal. A ce moment-là je ne suis même pas sûre de pouvoir finir les 10 kilomètres, je me dis que j’adapterai l’allure en fonction des sensations.

Dans la foule du départ, je choisis de me mettre vers le fond. Je n’ai pas envie de gêner les coureurs plus rapides que moi et je crains de partir trop vite… à cet endroit, il y a moins de risques ! Cette stratégie ne s’avérera en fait pas très payante, parce que je vais avoir du mal à doubler par la suite, dans les ruelles étroites, et je vais parfois ralentir inutilement mon allure. Et puis au moment du coup de feu, ça piétine, ça piétine ! L’ambiance est très sympa dans ce « fond de classe »: c’est ma première course seule, sans Monsieur M. ou mes collègues, mais je discute et je blague avec les participants. L’un d’entre eux a eu la super idée de découper le numéro de dossard dans son t-shirt en coton et de l’attacher avec des épingles à nourrice sur son t-shirt technique. Et comme il a fait la découpe en forme de t-shirt, c’est génial ! Une fanfare joue sur la ligne de départ, et avec la musique et le trac qui monte, j’ai presque envie de pleurer d’émotion.

Enfin je peux m’élancer dans l’avenue de l’Opéra. Paris est vidée de ses voitures, on n’entend que le bruit des pas des coureurs sur l’asphalte. C’est d’ailleurs ce qui marque d’emblée dans cette petite vidéo prise par Monsieur M. au premier kilomètre. Je suis tellement concentrée que je ne l’aperçois pas — je suis en t-shirt bleu clair à la fin de la séquence. (Petite précision: on a fortement l’impression sur la vidéo que les coureurs s’écartent pour éviter ce gêneur qui filme, mais en réalité il était au pied d’un feu de signalisation et c’est cela que les coureurs contournaient ! ^^ Autre détail croustillant: on voit un clampin endimanché qui essaye de traverser la route et qui se plante devant la caméra… Petit juron de Monsieur M. !)

J’essaye tout au long de la course de profiter du paysage, mais finalement je reviens assez vite sur mon souffle, sur le rythme de ma foulée, un oeil sur ma montre-chrono à chaque kilomètre parcouru. Je suis régulière, 6 minutes par kilomètre ou un peu moins. C’est comme une petite victoire à chaque fois : « 3 fois 6 = 18… 17’55, yes ! » La douleur des jambes a complètement disparu, j’ai juste les mollets un peu gourds mais je trouve une pensée qui me soulage. Je me dis « Tes mollets, tu les confies à tes manchons Booster »… et aussitôt, je me détends. Idem pour mon ampoule au pied gauche : « Ton ampoule, tu la confie au pansement Compeed »… et je parviens à ne plus y penser.

Ce sont surtout les églises qui retiendront mon attention de runneuse du dimanche. A chaque fois, j’ai une pensée pour Dieu et pour les gens que j’aime, au ciel ou sur terre. Je suis assez mystique, quand je cours ! Mais une réflexion de la part d’un crapaud de bénitier sur les marches de Notre Dame des Victoires viendra ternir l’un de ces beaux moments. Il persifle un « Circulez, y’a rien a voir ! », avec un air méchant… Dieu est peut-être bon, mais certaines ouailles sont des bécasses !

Au ravitaillement du 5è kilomètre, je formule une drôle de réflexion… « 29’10, c’est bon, tu as le temps de prendre une bouteille d’eau »… C’est quand même un peu grave qu’une des choses les plus élémentaires de la course (la ré-hy-dra-ta-tion ^^) passe après le chrono ! J’essayerai de ne pas tomber dans ce travers… Après le ravito, terrain trempé et plein de bouteilles en plastiques, une petite côte des familles nous attend, courte mais bien pentue. Je garde le rythme en essayant de ne pas glisser. C’est qu’elles accrochent bien, ces Asics !

Au sixième kilomètre, l’une des coureuses dit à une amie « Ça y-est, on vient de faire La Parisienne. » Et je me dis à ce moment que je débute des kilomètres que je n’ai encore jamais franchis en compétition. Jusqu’au neuvième, tout va bien. Je vois que je tiens le rythme et que j’ai une chance de pouvoir finir sous la barre d’une heure. Au huitième, j’entends Monsieur M. qui me hèle, ça me fait chaud au coeur de le voir à ce moment là, je lui fais coucou de la main et il paraît que j’avais un grand sourire…

Le dernier kilomètre sera pour moi le plus difficile: je suis presque à bout de forces, je n’arrive plus à être aussi à l’aise. Le plus dur est que je ne parviens pas à percevoir la ligne d’arrivée, et je ne sais plus du tout où j’en suis. Les supporters sur le bord de la route ne m’aident pas beaucoup avec leurs indications, l’un dit « encore 60 mètres » et un autre après « plus que 200 mètres »…

Je vois enfin la place Colette, et plus loin, la ligne. Je me lance dans un dernier sprint, dépassant quelques coureurs exténués. Puis c’est le « bip » de la puce, l’extinction de mon chrono et de mon Runkeeper qui m’annonce bravement que j’ai couru 7 kilomètres… merci le GPS foireux ^^

J’ai besoin d’eau, j’ai besoin de sucre, et le sas après la ligne d’arrivée est toujours aussi difficile pour moi : on est tous serrés, tout le monde est un peu groggy, j’ai besoin d’air frais… J’arrive à me frayer un passage, à prendre une bouteille d’eau et un bout de banane, sans oublier la médaille des finishers ! J’ai reçu un texto de Noostromo que je rejoins devant le mur des Post-it. Il est aussi content que moi: nous sommes tous les deux juste en dessous du temps que nous espérions faire. Pour ma part, c’est en 58 minutes et 46 secondes que j’aurais parcouru ces 10 kilomètres. (On se fera une belle frayeur par la suite car les temps « officiels » et non pas « réels » nous seront communiqués, nous faisant dépasser de quelques secondes nos objectifs…)

Monsieur M. arrive et après les étirements de rigueur nous partons tous trois à la recherche d’une terrasse pour une petite bière bien méritée. Un dernier moment très chouette, où toute agitée je refais la course en paroles, heureuse. Nous voyons passer les derniers coureurs, puis la voiture de la sécurité civile qui ferme la marche, alors que nous sommes tranquillement assis, étirés, détendus.

Sur le mur des Post-it, les papiers se sont accumulés. Mais le mien est toujours là ! 🙂

PS: Pourquoi tu cours ? Pour voir Paris sans voiture un dimanche matin, et dépasser mes limites !